Les phobies
Je vais écrire cet article avec l’aide de mon fils ainé qui vous expliquera les phénomènes physiologiques.
Le sentiment de peur est primordial pour notre survie. Ce sentiment est régit par plusieurs structures de notre cerveau. Lorsqu’un possible danger est détecté, la partie du cerveau appelée thalamus alerte l’amygdale. Cette dernière est responsable de la détection du danger. Si le stimulus est perçu comme menaçant, l’amygdale enverra des signaux à l’hypothalamus pour que celui ci déclenche la réaction qu’on appelle « fight or flight » (combat ou fuite). Celle-ci consiste à une libération rapide d’hormones du stress. Une de ses hormones vous sera sûrement familière, il s’agit de l’adrénaline. Grâce à l’adrénaline, le corps va réagir de plusieurs façon. Tout d’abord, un afflux important de glucose sécrété par le foie apportera une grande réserve d’énergie. Mais l’adrénaline ne s’arrêtera pas au foie, elle continuera son action sur le coeur ce qui entraîne l’augmentation du rythme cardiaque, sur les poumons ce qui accélère la respiration, ralentir la digestion en passant par les intestins. On peut aussi noter d’autres changements comme la dilatation des pupilles ou une concentration accrue. Toutes ces réponses de notre corps ont pour but de nous maintenir en vie. Certaines observations ont permis de montrer que des patients ayant perdue l’amygdale (rien à voir avec les amygdales) ne ressentent plus la peur et sont ainsi incapable de réagir en cas de danger car ils ne savent pas distinguer une menace. En ce qui concerne les phobies, elles sont souvent le résultats d’un conditionnement, c’est à dire de l’association du sentiment de peur à des stimuli non variés. Pour ceux qui seraient intéressés par cela, je vous recommande de vous renseigner sur l’experience du « petit albert ». Qui n’a pas un jour eu peur ? Tout le monde a déjà ressenti la peur. La peur est un sentiment normal et vital même. Nous avons gardé cet instinct animal pour nous protéger. Si vous vous retrouvez dans une situation dangereuse pour vous, d’emblée vous allez soit fuir, faire le mort ou encore attaquer. Ce sentiment nous met à l’abri et c’est une très bonne chose. Comme tous les sentiments il doit être rationnel bien entendu pour être considéré comme « normal » (un mot que je n’aime pas beaucoup). Quand ces peurs ne sont plus rationnelles et démesurées alors on peut parler de phobie. Les phobies, bien que parfois certaines personnes en rient, sont handicapantes. Est-il rationnel de voir une personne fuir devant un magnifique papillon ? de hurler à la vue d’une inoffensive limace et se mettre à courir de peur qu’elle vous rattrape? Les personnes qui ne connaissent pas ce sentiment vous diront non. Mais qu’en est-il des autres ? La 2 ème catégorie vous répondra non également pour la plupart. Elles sont peut-être « atteintes » de phobies, il n’en demeure pas moins que ces gens sont tout à fait conscients que, même si elles le vivent, et qu’il y a bien une explication, un vécu en rapport à cette phobie, cela reste incompréhensible. On se sent démuni, on sent le regard moqueur et le jugement des autres. On en a honte aussi parfois. Dans l’article précédent, je vous contais mon expérience concernant ma phobie de la conduite et la fuite que je prenais systématiquement afin d’éviter de me retrouver dans une situation que je ne maitriserai pas. Ressentir tous ces symptômes désagréables, les jambes qui tremblent, la sueur qui vous coule le long du dos, les joues qui vous brûlent, la moiteur de votre corps, le rythme cardiaque qui s’accélère, et il y a encore tant d’autres symptômes. Cet évitement a pour but de ne pas ressentir la peur de la peur, de ressentir ces symptômes. Il est difficile de vivre avec une phobie. Par exemple, une personne qui m’est proche me racontait sa phobie des insectes (tous les insectes volants et rampants). Lors de la séance elle se souvient alors que petite elle coloriait sagement sur la table du jardin. Une abeille ou une guêpe est venue lui tourner autour. Elle a appelé ses parents qui lui ont conseillé de ne pas bouger si elle ne voulait pas se faire piquer. Ce qu’elle fit mais l’insecte piqua tout de même alors qu’elle était immobile (je pense que c’est une guêpe, ce sont des guerrières contrairement aux abeilles). Elle me dit alors « mes parents m’ont menti, je ne bougeais pas et quand même ». Comme dans l’article précédent, bien que les parents à leur façon ont tenté de la rassurer, ils n’ont fait qu’accroitre cette peur et cette personne s’est sentie abandonnée. Depuis lors, chaque insecte qui s’approche d’elle la peur l’envahit. Là où cela devient problématique est que l’été principalement, cette période est anxiogène pour elle et maintenant pour sa fille ainée qui vit les mêmes angoisses que sa maman à la vue des
insectes. Elle s’en veut énormément de ne pas pouvoir rassurer sa fille et a l’impression que de la même façon elle l’abandonne parce qu’elle se sent impuissante. C’est incroyable ce que le cerveau est prêt à faire pour détecter le danger. Pour mon amie ou pour toutes personnes atteintes de phobie une sorte de scanner se met en place. Quand une personne ayant peur des araignées par exemple, avant de pénétrer dans une pièce, elle va scanner la zone à une vitesse incroyable pour détecter le moindre danger. S’il reste le moindre doute on envoie un éclaireur pour vérifier que tout est OK. Je connais bien ce phénomène puisque j’ai la phobie des guêpes. J’avais 3 ans quand j’ai foncé dans un nid de guêpes. Évidemment, je me suis fait piquer 2 fois. Je suis allergique aux piqures de guêpes, c’était bien ma veine !!! Il ne manquait plus que ça. Là où je me suis sentie en danger est que le médecin de l’hôpital a prévenu mes parents que je risquais d’y rester. Bien entendu, ils m’ont élevé avec le fait que je devais rester loin de ce danger mortel pour moi. Donc chaque été pour moi aussi et bien que ce soit ma saison préférée, j’angoisse de me retrouver face à une de ces bêtes. Je me balade toujours avec mes injections. Et ça arrive très souvent, quand une me tourne autour vous n’imaginez pas les insultes, gros mots qui peuvent sortir de ma bouche. J’appelle ma mère même si elle n’est pas là, mais elle est la seule à pouvoir me protéger. J’ai aussi fait un travail dessus et bien que les guêpes restent un véritable danger pour moi, j’accepte maintenant qu’elles fassent parties de mon environnement mais assez loin quand même. Bien entendu il y a une expérience qui est en lien avec ces peurs soit directement soit indirectement. Une sensation, une odeur, un lieu, un son... Je m’explique. Je connais une personne qui ne peut plus s’éloigner de chez elle. Il y a 20 ans de cela, lors d’un voyage à l’étranger, elle a fait des crises de panique. Elle a dû rentrer au plus vite en France et ce qui devait être un voyage d’un mois n’a duré que 3 jours. Son cerveau a assimilé le voyage au danger. Loin de sa zone de confort. Depuis, jamais aucun déplacement. Il n’était pas en danger lors de son voyage puisqu’il allait se retrouver avec sa famille, là où il passait toutes ses vacances pendant 20 ans. C’était un endroit où il s’amusait et retrouvait des personnes qui lui sont chères. Mais cette expériences est restée ancrée. Ce qui me rend triste est qu’il suit une psychothérapie depuis 20 ans et que bien qu’il ai fini par comprendre enfin les raisons de son mal-être il ne va pas bien pour autant. Il se tâte m’a-t-il dit récemment pour entamer une thérapie avec moi. Ou bien encore une phobie de l’avion par exemple. Si une personne après avoir fait un vol où les turbulences étaient si fortes qu’elle s’est sentie en danger de mort alors il y a une probabilité pour que la peur se transforme en phobie et le lien est direct avec l’avion. Si cette personne apprend une mauvaise nouvelle, ou bien durant le vol éprouve une peur sans rapport avec il y a également une possibilité que le cerveau assimile cette peur à l’avion puisque c’est dans ce lieu qu’elle a pu se sentir démunie donc Avion=danger bien que l’évènement soit indirect avec cet endroit. Mais le cerveau est ainsi fait et bien fait même puisque cette partie (l’inconscient) a pour but de nous protéger du mieux possible. Une autre expérience que beaucoup de personnes ont vécues. Le chômage, fléau de notre temps.
J’ai reçu cet homme il y a un an. Il avait une forte douleur au dos depuis son licenciement et les douleurs étaient si intenses chaque fois qu’il avait un entretien d’embauche, qu’il déclinait le rdv. Il faisait des cauchemars quand il arrivait à dormir. Il angoissait et son cœur battait la chamade chaque fois que son téléphone sonnait et ne reconnaissait pas le numéro. Il ne comprenait pas pour quelle raison cela lui faisait aussi peur. Cela s’assimile à une phobie sociale. Durant les quelques séances, il découvre alors que ce n’est pas le travail qui l’effraye mais la peur de revivre ce qu’il considérait comme un échec. Il n’avait jamais été licencié auparavant et s’était senti si mal et honteux de cette expérience qu’inconsciemment il préférait rester chez lui, là où tout était confortable. Un endroit où il se sentait soutenu par sa femme, par sa famille. Il a depuis retrouvé du travail où il se sent parfaitement dans son élément et son dos se porte comme un charme.
Ce qu’il faut savoir est que l’hypnose comme l’EMDR sont très efficaces sur les phobies, les anxiétés sociales et encore une fois vous avez la possibilité d’aller mieux, d’être bien dans votre vie si elle n’est pas guidée par la peur.