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L'EMDR: un outil puissant

A tous ceux qui ont le courage d’aller mieux...

Qu’est-ce que l’EMDR (Eye Mouvement Desensitization and Reprocessing)

Comme l’indique le nom il s’agit d’un retraitement par la désensibilisation par mouvements oculaires. Cependant, avec les études menées depuis 1987, il s’avère que d’autres stimulations comme les stimulations auditives ou kinesthésiques soient tout aussi efficaces.

Ces stimulations ont pour but de stimuler de façon alternée les deux cerveaux. Le cognitif et l’émotionnel parce que lors d’une expérience traumatisante l’émotionnel prend le dessus. Il faut donc rééquilibrer les deux cerveaux.

« L’EMDR est utilisé pour aider le patient à tirer un apprentissage de ces expériences négatives du passé, désensibiliser les déclencheurs présents qui sont une source inappropriée de la souffrance et incorporer des schémas pour une action future qui lui permette de se surpasser dans le cadre de son environnement. »(SHAPIRO, Manuel de l’EMDR)

En 1979, alors que Francine SHAPIRO, fondatrice de l’EMDR, terminait son doctorat de littérature anglaise à l’université de New York, elle apprend qu’elle a un cancer.

C’est à la suite de cette effroyable nouvelle qu’elle prend conscience que la vie n’a plus pour elle cette dimension temporelle.

Son deuxième centre d’intérêt après la littérature anglaise est « la cause à effet physiologique » et elle va se concentrer alors sur « les rapports de l’esprit et les facteurs externes de stress ». Francine SHAPIRO croit fermement qu’il y a un lien direct entre la maladie avec le facteur stress.

Elle guérit de son cancer sans avoir la certitude qu’il ne revienne pas.

Ella abandonne ses études de littérature et se lance dans des séminaires et des ateliers qui ont pour sujet l’esprit, le corps et les méthodes psychologiques pour améliorer le bien-être physique et mental et commence un doctorat en psychologie clinique.

Mais tout va réellement commencer un jour où Francine SHAPIRO se promène dans un parc et assise sur un banc elle pense à des sujets qui la tracassent.

Elle s’aperçoit par elle ne sait quel phénomène que son stress diminue au fur et à mesure et fini par disparaître. Mais grâce à quoi ?

Elle se repasse en mémoire les mouvements qu’elle a fait et constate alors que quand elle pense à un sujet perturbant ses yeux font des mouvements d’un côté puis de l’autre, le stress ressenti disparaît. Quand elle y repense après un moment elle constate que ces pensées négatives n’ont plus cette même intensité. La charge émotionnelle négative n’avait plus la même intensité.

Elle commence alors à tester ce phénomène sur son entourage, lors des séminaires et constate la même chose.

Je ne vais pas aller au delà pour l’historique mais Francine SHAPIRO, depuis cette expérience a mis au point un protocole en 8 étapes qui a d’abord été employé sur des vétérans de guerre. Cet outil aujourd’hui est utilisé par de nombreux professionnels et reconnu dans le monde entier comme étant une des méthodes thérapeutiques les plus efficaces pour l’ESPT (état de stress post-traumatique).

L’être humain est un être cérébral et émotionnel. Nous nous construisons durant nos premières années. Nous apprenons à vivre et gérer nos émotions puisqu’elles font parties de notre quotidien depuis notre naissance.

Cependant, certains évènements nous procurent des émotions très fortes que notre cerveau ne sait pas gérer parce qu’inconnus. Peu importe l’événement, ce qui compte c’est la façon dont il est vécu et perçu émotionnellement.

De façon imagée, notre cerveau est constitué de millions de petites cases où une fois passé, l’événement est classé. Mais l’événement vécu comme traumatisant, notre cerveau ne sait pas où le ranger, inconnu de notre expérience donc de notre vécu émotionnel.

L’EMDR a pour but de créer une nouvelle case afin de ranger cet événement.

Il a existé, et il est bien évident qu’on ne peut effacer le passé. Ce qui compte, c’est de changer, modifier la relation, le lien que nous avons avec cet événement. Qu’il arrête de se balader dans notre cerveau comme un fantôme.

Ce qui est traumatisant pour certains ne l’est pas pour d’autres.

Je vais vous donner un exemple, une vieille femme perd son mari, ils n’ont jamais eu d’enfant ensemble, elle n’a pas de famille. Il ne lui reste que son chat. Deux ans après la mort de son mari, son chat décède à son tour. Il ne lui reste alors vraiment plus personne. Cette pauvre femme se sent abandonnée, seule au monde et ne se remettra jamais de la mort de son animal de compagnie. Mais pour elle il ne s’agissait pas seulement d’un animal mais de son bébé. Elle lui a donné tout l’amour et toute l’affection. Comme une mère à son enfant.

Vous me direz alors « n’importe quoi !!! rien à voir avec le traumatisme que les soldats ont vécu pendant une guerre ». Je vous répondrai ceci. Non sur les évènements mais oui sur la façon que cette vieille dame a vécu ce deuil. Son ressenti a été si fort et si traumatisant pour elle qu’elle n’a pas pu le gérer. La mort de son chat n’a pas été classée non plus.

Pour vous donner d’autres exemples, que l’EMDR peut traiter parce que l’ESPT n’est pas seulement la mort.

Il y a quelques mois de cela, j’ai reçu une femme qui avait fait un burn-out. Mot très à la mode de nos jours.

Elle vivait un harcèlement quotidien à son travail. Pourtant, d’un caractère fort, elle disait qu’elle n’avait pas su gérer cette situation et s’était laissée prendre dans l’engrenage. Elle pensait à des choses très négatives sur elle. Elle pensait même au suicide.

Elle a plongé dans une dépression grave et n’est plus allée travailler.

Son calvaire a duré 4 ans, jusqu’à ce qu’elle trouve ma carte posée sur une table chez son médecin traitant qui lui a parlé de l’EMDR.

Depuis 4 ans, elle pensait qu’elle ne serait plus jamais capable de travailler. D’avoir une vie « normale ». La honte l’accablait. Elle a divorcé durant cette période. Ne se déplaçait que dans son petit village mais pas plus. Aller au delà de ce qu’elle connaissait parfaitement était devenu impossible.

Au premier rdv, sa maman l’a accompagné jusqu’à mon cabinet.

Au deuxième rdv elle est venue seule en voiture.

Au troisième, non seulement elle m’apprend qu’elle a pris sa voiture et est allée chez des amis à 200km de chez elle seule mais également qu’elle s’était mise à la recherche d’un nouvel appartement et qu’elle faisait son CV pour retrouver un travail.

Un autre exemple très personnel puisqu’il s’agit de ma propre expérience.

En 2011, je vais consulter mon thérapeute pour des phobies. Agoraphobie et claustrophobie. Je ne peux pas conduire sur les routes que je ne connais pas et ne peut même pas aller faire mes courses dans les grandes surfaces. Pour quelles raisons ? aucune idée.

Le thérapeute fait l’anamnèse (recueil d’informations) je lui parle de deux accidents de voiture que j’ai eu durant mon adolescence et de la mort d’une femme que j’aimais énormément décédée à la suite d’un accident de la route.

Les stimulations commencent et mon cerveau m’amène à un cheminement aucunement en rapport avec les événements que j’avais évoqués. Il s’avère que l’origine des mes phobies est un accident de travail que mon papa a eu en 1979. Mes frères et moi même avons été convoqués par nos enseignants respectifs pour nous informer que notre maman allait venir nous chercher parce qu’un accident grave avait touché notre papa. Par ailleurs, j’avais entendu par des élèves, lors de la récréation que notre père était décédé.

Arrivés chez nous, nous nous retrouvons tous les quatre assis sur les escaliers dans l’attente qu’un oncle de notre père vienne nous chercher. Notre père a eu un accident très grave et personne ne sait s’il va s’en sortir. Cet oncle, au demeurant adorable, veut nous retirer à notre maman alors que nous sommes déjà dans l’interrogation de la survie de notre papa.

Ce sentiment de peur et d’abandon m’envahit. Et le rapport avec mes phobies ? Je revis cette même émotion sur les routes et dans les magasins si je suis seule.

Le souvenir a été traité et depuis tout va bien. Je repense souvent à ce souvenir de l’accident de mon papa mais l’émotion qui s’y accompagnait n’est plus là. Ça c’est bel et bien passé mais voilà c’est fini et il va très bien aujourd’hui.

Une autre expérience de phobie qui revient régulièrement, l’arachnophobie.

Une personne vient à mon cabinet parce que cette phobie dure depuis trop longtemps, elle a même réussi à « contaminer » ses deux filles (j’utilise son expression).

Elle me raconte qu’à l’âge de 5 ou 6 ans alors qu’elle refusait de manger, son père pour la énième fois l’envoie à la cave (cette cave est plus un endroit de jeux puisqu’il est aménagé de façon très confortable pour y recevoir des amis) endroit qu’elle aime particulièrement et ne le vit pas comme une punition.

Après quelques minutes son père ouvre la porte et lui demande si elle est disposée à manger. Elle commence à remonter l’escalier et voit une araignée sur le contrebas d’une des marches. Avec son regard d’enfant cette araignée était géante et l’empêchait de passer et sans le vouloir bien entendu, son père lui dit alors voyant la peur de sa fille « si tu ne manges pas, c’est elle qui te mangera ».

A la suite du traitement, même si elle déteste toujours les araignées, elle peut entrer dans un endroit sans être obligée de le scanner avant et ne ressent plus cette terreur à la vue d’une araignée. Elle ne fuit plus le lieu et les chasse au balai.

Et elle me dit avoir également constaté ce qu’elle n’avait jamais remarqué auparavant, que désormais elle prend son temps pour manger et n’expédie pas ce moment comme une corvée et au contraire prend du plaisir à table.

Chaque fois qu’un événement est vécu comme traumatisant c’est que la personne ne s’est pas sentie en sécurité.

Pour les personnes qui ont un problème avec la timidité ou une phobie sociale demandez vous si une personne de l’entourage ou ayant une influence n’a pas entendu un mot, une phrase qui a fait qu’à cet instant précis la personne ait ressenti de la honte ou ne s’est pas sentie humiliée. Nos paroles ont des conséquences et parfois grave et encore plus sur un enfant qui se construit et pensera que ce qui a été dit est une vérité. Il grandira avec cette fausse croyance.

Très important également en EMDR, comme en hypnose d’ailleurs il est indispensable de vérifier s’il n’y a pas de bénéfice secondaire à ne pas aller mieux.

Je m’explique, ... Vous pouvez retrouver cet exemple dans le livre Le Manuel de l’EMDR de Francine SHAPIRO.

Une femme va consulter pour la phobie des serpents. Son mari pratique régulièrement le camping mais qui dit camping dit possibilité de se retrouver en face d’un serpent. Impossible pour elle alors d’accompagner son mari. Très vite Francine SHAPIRO se rend compte qu’il existe un bénéfice secondaire pour ne pas enlever cette phobie. Il s’avère que le mari de cette femme est une personne très dure et que les moments de répits sont ceux où il part en camping, les seuls moments de tranquillité et de liberté qu’elle ressent est quand il n’est pas là. Si sa phobie disparaît elle devra l’accompagner et fini ces instants de calme. Voilà ce qu’est un bénéfice secondaire.

Evidemment, les deux situations ont été traitées.

Alors je réitère, OUI il faut du courage pour demander de l’aide et accepter qu’à certains moments nous en avons besoin.

Et je terminerai sur cette citation de Jean Paul Sartre « la liberté est ce que vous faites avec ce qui vous a été fait »

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